Géographie prospective
des territoires urbains

Graphite

Carnet de terrain 2018

Espaces vécus et projets des lycéens pour leurs villes

Graphite, édition 2018

pages : GRAPHITE les jeunes et la villeRessources méthodologiques / Classes participantes 2018 / Carnet de terrain 2017

Sommaire

  1. Formation des enseignants, échanges d’outils et d’expériences pédagogiques
  2. Décembre-janvier : le web-questionnaire, saisie et analyse de données géolocalisées sur l’espace vécu des jeunes
  3. Février : débriefing
  4. Mars : le diagnostic “expert” et le portrait des territoires
  5. Avril-mai : des parcours collectifs commentés et “diagnostics en marchant”
  6. Élaboration des projets écrits et visuels
  7. 1er juin 2018 : déroulement de la journée de restitution finale à Aix Marseille Université (Marseille, campus Saint Charles)
  8. Visualisation en ligne des lieux de projets 2018 des élèves

1. Formation des enseignants, échanges d’outils et d’expériences pédagogiques

Le 19 décembre et le 20 février 2018, deux Journées de Formation organisées au LPED ont réuni l’équipe scientifique du LPED, l’équipe de formateurs du rectorat et l’ensemble des 20 enseignants impliqués. Au programme, des cadrages théoriques et méthodologiques (notions d'”espace vécu”, enjeux critique de la “participation” de “droit à la ville”), des retours d’expérience et débats (notamment sur les valeurs sous-jacentes et explicites du projet), des ateliers numériques et de partage d’expériences pour la mise en place des étapes du projet. Des outils sont partagés sur une interface de formation continue “M@GISTERE” ouverte à tous les participants.

Une interview de Jéromine Nicolaï, enseignante et formatrice, le 18.05.2018 sur le projet Graphite : Quand les élèves deviennent aménageurs du territoire…

2. Décembre – janvier : le web questionnaire, saisie et analyse de données géolocalisées sur l’espace vécu des jeunes

Le projet s’appuie sur une introspection des jeunes à partir de leur espace vécu: réflexion individuelle sur support numérique d’abord, puis débat en groupe de parole ensuite. L’interface de cartographie participative GRAPHITE (©Datacollect/LPED) permet aux élèves de travailler en autonomie depuis n’importe quel poste informatique, et aux enseignants de suivre en direct le travail des lycéens, visualiser les cartes de leur classe, et télécharger directement les données saisies par leurs élèves, permettant de réaliser en classe un travail d’analyse territoriale collective et critique. 6 types des lieux (points) peuvent être géolocalisés par les élèves et pris en compte à travers l’interface, pour chaque lieu, les élèves signalent des informations et peuvent rédiger de brefs commentaires libres:

Exemple des points entrés par les élèves d’une classe de Marseille

Réponses libres des élèves :

Domicile

Le trajet pour aller jusqu’au lycée est long et difficile, je dois prendre 4 type de transport et au lieu de faire le trajet en 60 min durée moyen d’un trajet en voiture, je met 90 min.
– F, Digne les Bains, Pierre-Gilles de Gennes

Lieux d’activités (2343 points mentionnés en 2018)

Dans l’ensemble la Valentine (entre commercial) est un lieu d’activité attractif, l’état des lieux est propre et il y a beaucoup d’aménagements ( snacks,boutiques,cinéma) , c’est un lieu qui fait passer le temps.
– F, Marseille, Denis Diderot

Lieux attractifs (1444 points mentionnés en 2018)

C’est un lieu public où tout le monde peut se réunir gratuitement, y faire du sport, se reposer, etc. De plus c’est un espace vert en pleine ville.
– Une élève décrit le Parc Borély – F, Marseille, Marseilleveyre

Lieux répulsifs (935 points mentionnés en 2018)

Le pont est dangereux en ce qui concerne la sécurité des piétons.
– Un élève décrit le pont du Gapeau – M, La Garde, Coudon

Lieux hors de la ville (758 points mentionnés en 2018)

C’est un lieu calme, propre et les transports en communs sont gratuits.
– Une élève décrit Aubagne – F, Marseille, Montgrand

Lieux d’aménagement (836 points mentionnés en 2018)

Cinéma en plein air fonctionnant grâce à des panneaux photovoltaïques.
– Proposition d’aménagement à Font Obscure suggérée par une élève – F, Marseille, Denis Diderot

Exemples de cartes d’espace vécu des élèves

Lieux d’activités localisés par les élèves du lycée Montgrand (6ème arrondissement) Lieux d’activités localisés par les élèves du lycée Artaud (13ème)

3. Février : Débriefing

Moment fort du projet, c’est l’analyse qualitative des cartes et graphiques, dans une démarche de prise de parole par les élèves et de débats entre pairs, où il n ‘y a pas la place pour la “bonne réponse”. Les enseignants ont été formés, et ils ont préparé leurs séances de débriefing, en présentant à leurs classe les cartes de leurs espaces vécus, des graphiques résultant des données, en leur présentant des comparaisons avec d’autres lycées… Les commentaires sont libres et animés, occasions de prises de conscience : des différences de pratiques et d’avis entre pairs, des inégalités entre territoires, les pratiques selon le “genre”, des stigmates et des préjugés. Des membres de l’équipe LPED et des formateurs du rectorat ont participé aux séances dans les classes en appui aux enseignants qui le souhaitaient. Ces séances sont aussi l’occasion de collecter des matériaux scientifiques sur les représentations territoriales des élèves.
Graphique réalisé par une enseignante à partir des données saisies par ses élèves pour préparer le débriefing.

Quelques extraits des retranscriptions des débats dans les classes en 2018 :

Pratiques culturelles incitées par la gratuité

Élève 1 : Tu as quoi contre les musées ?
É
lève 2 : J’ai rien contre les musées !
É
lève 1: Je vais quand c’est gratuit ! Quand c’est gratuit !
– F, Marseille, Montgrand

Inégalités territoriales et problématique d’accessibilité d’une élève qui habite au nord de Marseille

On n’a pas de bus, on a quoi ? Le 97 pour venir au centre ville ? Pour venir au centre-ville il y a qu’un bus, il y a pas de métro, il y a pas de tram, il y a rien.
– F, Marseille, Montgrand

Témoignage d’une élève sur l’évitement scolaire

On voulait pas aller au lycée du quartier nord. Du coup, on a demandé l’option portugais. C’est pour éviter le lycée de mon secteur.
F, Marseille, Montgrand

L’avis d’une élève sur les lieux “répulsifs”

… les lieux stéréotypés, catalogués. Donc, les “quartiers” !
F, Marseille, Montgrand

L’avis d’une élève sur la rénovation urbaine et les différences entre le centre-ville et le nord

Le centre-ville est un quartier réputé… donc les travaux se font plus vite. Alors qu’ici ils mettent deux ou trois ans.
– F, Marseille, Denis Diderot

Les débriefings sont aussi l’occasion de choisir les territoires des projets et de travailler des notions liées tant au référentiel du développement urbain “durable” qu’aux programmes de géographie

4. Mars : le diagnostic “expert” et le portrait des territoires

Une fois finalisée l’étape du débriefing, on passe au concret, avec les étapes de portrait de territoire, diagnostic et projet. Le choix du lieu à aménager pousse les élèves à chercher à mieux situer (site et situation, superficie, distances) et à connaître le territoire concerné et ses « acteurs » (habitants, usagers, entrepreneurs, décideurs). Il s’agit d’identifier les atouts et potentiels “a priori” des territoires, les projets publics en cours et leurs acteurs, repérer quels espaces sont disponibles , repérer où l’on pourrait radicalement transformer le territoire, suggérer des scénarios d’évolution …

Dans le rôle de cartographes, les élèves délimitent le territoire où ils souhaitent réaliser leur projet d’aménagement.

5. Avril – mai : des parcours collectifs commentés et “diagnostics en marchant”

Après avoir dressé le portrait de cadrage de leurs territoires de projet, les jeunes vont confronter les potentiels de ces territoires avec leurs manques, leurs problèmes et les besoins sociaux des “habitants” et “usagers” consultés (et faire la différence entre ces 2 catégories)… Le principe est que les enseignants emboîtent les pas de leurs élèves et découvrent avec eux leurs territoires de vie et de projets. L’ équipe AMU (enseignants-chercheurs, ingénieurs projet et étudiants ) est toujours présente lors de ces parcours. Des responsables d’associations, des professionnels de collectivités, des élus sont sollicités pour suivre les parcours et aider les jeunes à construire et argumenter leurs projets.

Détail des sorties du 7 au 22 mai 2018 ci-dessous : Cliquer sur les dates pour avoir les détails des lieux et projets des élèves

Les sorties de terrain 2018 : les lycéens entraînent enseignants et chercheurs sur leurs lieux de projets

22 mai, Marseille : de l’hôpital Nord à la Corniche Kennedy, les Secondes 12 du lycée Victor Hugo ont fait un long périple passant par le métro Bougainville, le cours Lieutaud et le Vieux port. Deux projets ont traité : les abords immédiats de la gare Saint Charles, pratiqués au quotidien par ces lycéens. 4 projets concernent des transports durables (nouvelles lignes de métro et de tramways, nouvelles pistes cyclables ou améliorations), pour mieux relier les quartiers nord et les plages au centre ville et à la gare. Constatant la part importante d’enfants et d’adolescents dans leurs quartiers, trois projets s’adressaient aux jeunes. Une rencontre avec l’association Vélo en Ville, a clarifié la question des pistes cyclables. Les projets tendent vers une ville plus accessible, apaisée, et innovante. Les jeunes sont sensibles à l’image de leur ville. Vincent Laperrière (enseignant chercheur AMU), Maryse Cadet-Mieze (post-doctorante sur Graphite) et Clémence Goupil (ingénieure de recherche) ont aidé les jeunes à préciser leurs projets.

Un reportage dessiné de MARSACTU du 19.05.2018 : https://marsactu.fr/reportage-dessine-avec-graphite-les-lyceens-de-marseille-font-de-la-geo-en-marchant/

18 mai, Aix-en-Provence : du lycée Cézanne au Jas de Bouffan en passant par la Rotonde puis en arpentant les rues du centre-ville, les élèves des 1ère STMG1 et 1ère STMG4 du lycée Cézanne nous ont présentés leurs projets tournés principalement sur le « vivre ensemble » : des lieux de rencontre et de détente : des cafés et des commerces pour se rencontrer avec le développement de concept tels que : la découverte multiculturelle pour les uns, la solidarité avec un « café suspendu » pour d’autres dans un cadre de verdure naturel, ou encore l’action caritative avec l’installation sur la place de la Rotonde d’une grande roue à vocation touristique mais dont les bénéfices profiteraient à des associations ; l’aménagement de mobilier urbain notamment des bancs pour se poser et se rencontrer, avec recharge solaire de batterie portable. Mais également améliorer la sécurité par l’installation de luminaires au sol pour plus d’esthétisme pour les uns, avec panneaux solaires pour les autres. Les présentations ont été enrichies par l’interview de passants et commerçants et la présence de deux invités Mme à Lisa Pastor (ARDL) et Alain Legardez (AMU et Cercle Condorcet)

18 mai, Marseille (nord-sud) : du centre ville aux quartiers nord de Marseille, une grande traversée à la suite de la 1ere STMG1 du lycée Montgrand, des projets bien argumentés pour améliorer la qualité de vie et la convivialité pour les enfants et des jeunes quartier Noailles, de la résidence Massalia, la création de commerces, et un projet pour la copropriété dégradée parc Kalliste. Un grand merci à l’équipe du “Château en Santé” pour son accueil dans la Villa Valcorme, au cœur du Parc Kalliste (15e).

15 mai, Digne les Bains : le parcours a permis d’examiner 4 lieux distincts où les élèves ont exposé leurs projets : de la zone commerciale, à la gare, puis devant la piscine et enfin au centre ville . Étaient présents Ambroise Mazal, adjoint à la mairie, en charge du projet revitalisation urbaine de la ville de Digne (cœur de ville), Sylviane Blanc-Maximin, formatrice à L’ESPE, Angela Barthes, Professeure en sciences de l’éducation, et Maryse Cadet Mièze, Ingénieure de recherche Projet. Un débat s’est instauré toute la journée à partir des projets proposés par les élèves.

11 mai, Marseille : Les élèves de la classe 2nd4 de Denis Diderot ont permis abordé des thématiques sensibles comme la sécurité, les usages de l’espace public, les équipements commerciaux et sportifs. Des éclaircissements ont été fournis par des associations impliquées dans le développement local comme la Coordination régionale Pas Sans Nous, l’Association Sportive et Culturelle de la Jeunesse de Félix Pyat, mais aussi des explications sur la Politique de la Ville (Benoît Ferraris, Chargé de Développement de Projets Urbains). Un grand merci à ceux qui ont enrichi la sortie en partageant leurs expertises avec les élèves (et aussi à nous)! Cette journée a compté également avec la présence d’Urban Prod et de Marsactu ce qui valorise les travaux menés par les élèves dans ces quartiers.

09 mai, Marseille (nord-est) : les élèves d’Artaud ont témoigné de leur sensibilité à la nature en ville, au sport collectif et aux cohabitations intergénérationnelles. Leurs projets d’espaces publics, d”équipements sportifs (notamment piscines, peu présentes dans ces quartiers), les réaménagements du parc Château Gombert pour développer une mixité intergénérationnelle ont été débattus avec Jéromine, enseignante et formatrice académique de géographie et Ken, paysagiste du collectif Puya qui a transmis aux élèves des évaluations “professionnelles” de leurs projets, les poussant à les améliorer.

07 mai, Marseille (nord) : une sortie marquée par sa fibre sociale, ses débats sur la nature en ville. Les élèves de Montgrand proposent un centre d’accueil et de réinsertion pour les SDF, des réaménagements de la copropriété du Parc Corot , des transformations (très débattues) du Parc Font Obscure, des aménagement sécuritaires. Ils ont exposé leurs projet devant Virginie Baby-Collin (professeure des universités), Elisabeth Dorier (professeure des universités), Marie Caroline Vallon (Région, direction de l’Aménagement du Territoire et de la Transition Énergétique). Remerciements à Frank, Jennifer et Walid (Médiateurs Sociaux Urbain à parc Corot) pour leur accueil sur le terrain et leurs explications.

19 avril, Marseille (nord) : quartiers Nord de Marseille, entre Malpassé, les Oliviers, parc Corot, un petit raccourci pour accéder au parc de Font Obscure… avant de se retrouver à la gare Saint Charles. Les jeunes du lycée Diderot abordent notamment des questions de logement, d’accès aux pratiques sportives, de qualité des espaces publics (ou “ouverts au public”), de solidarité avec les plus démunis autour de la gare saint Charles (Association SOS Voyageurs). Merci aux Pas sans Nous et à Magali Launay (collectif intercopropriétés) d’avoir convié des acteurs des territoires (Régie service 13, Soliha, Compagnons bâtisseurs…) pour expliquer aux élèves, enseignants et chercheurs la situation complexe des quartiers et le Plan de sauvegarde en cours du Parc Corot. De salutaires remises en question d’idées reçues…

16 avril, Marseille (centre) : en plein centre ville de Marseille, les propositions d’aménagements des lycéens de saint Joseph les Maristes proposent des réhabilitations de commerces fermés par la création de lieux de co-working, loisirs et rencontre pour les lycéens et d’espaces publics au centre ville, ils ont chiffré le coût et l’intérêt économique et social d’un ambitieux projet de téléphérique urbain à plusieurs stations, reliant Grand littoral à Notre Dame de la Garde. Merci aux paysagistes de Puya et de l’École du paysage, qui ont conseillé, et suscité des vocations …

6. Élaboration des projets écrits et visuels

Résumés des projets des 16 classes, présentés en 6 minutes par les élèves lors du colloque final du 1er Juin 2018

Matin:

Après midi:

Vidéo réalisée en 2018 par l’association Urbanprod à partir des travaux des élèves du lycée de Diderot : http://graphite-marseille-diderot-2018.lped.fr

7. 1er juin 2018 : déroulement de la journée de restitution finale à Aix Marseille Université (Marseille, campus Saint Charles)

Au terme de 6 mois de travail, près de 450 lycéens issus de 19 classes de toute la région (Nice, Digne, La Garde, Aix, Vitrolles et Marseille) accompagnés de leurs enseignants se retrouvent sur le site universitaire Saint-Charles à Marseille. La journée est consacrée à la présentation publique de leurs travaux sur les territoires urbains : exposition de l’ensemble des projets (88 posters, livrets et maquettes) réalisés dans l’année par les lycéens, présentation orale des résumés des projets par classe (en sessions de 6 minutes) et projection de 3 vidéos en Amphi devant un public composé de leurs pairs, d’élus de la région, d’enseignants, d’inspecteurs, d’universitaires et de partenaires du projet issus de collectivités et de la société civile.

Des personnalités se sont mobilisées pour introduire les sessions, écouter les jeunes et visiter l’exposition : Arlette Fructus (adjointe au Maire de la ville de Marseille, conseillère régionale, présidente de la commission “Habitat, Foncier et Urbanisme” et vice présidente de la métropole Aix- Marseille Provence), Marie-Florence Bulteau-Rambaud (conseillère régionale et notamment présidente de la commission Lycée, Apprentissage, Formation professionnelle et Jeunesse au Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur), Catherine Biaggi (inspectrice générale de l’Education nationale), Jean-Louis Leydet (délégué académique au numérique, inspecteur d’académie et inspecteur pédagogique régional à l’Inspection académique d’Aix-Marseille), Isabelle Méjean (inspectrice pédagogique régionale), Jean-Baptiste Chabert (chef du service Connaissance prospective au Conseil régional Provence- Alpes Côte d’Azur).

Après l’audition des projets, puis la visite de l’exposition par les lycéens, un travail en “commissions mixtes” mélange les jeunes des différents établissements de la région sur 10 thématiques : transport-mobilité-accessibilité ; sport et loisirs ; culture et éducation ; espace vert ; espace public ; vivre ensemble – social et habitat ; littoral – cours d’eau ; écologie – énergie renouvelable ; dynamisme économique et citoyenneté. Une restitution finale publique de leurs débats vient clôturer le colloque.

8. Visualisation en ligne les lieux des projets 2018 des élèves

… (Métropole Marseillaise) 2018 en suivant ce lien

… projets des élèves de Nice, de La Garde et de Digne les Bains: GRAPHITE – Projets d’Aménagement 2018

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