Géographie prospective
des territoires urbains

Graphite

Enjeux scientifiques

Le projet  GRAPHITE a permis de rĂ©unir un corpus d’informations  quantitatives, spatiales et qualitatives sur les espaces vĂ©cus des jeunes. La base de donnĂ©e est archivĂ©e sur le site DATASUD de la rĂ©gion. Les analyses sont restituĂ©es sous forme d’un rapport scientifique:

E.Dorier (dir), J.Dario, M.Lecoquierre, 2021, « Les jeunes et la ville en région Provence-Alpes-Côte d’Azur » , Aix Marseille » Université, LPED, Rapport pour l’AAP les Fabriques de la Connaissance, 259 p, 2 tomesmis en ligne sur le site Connaissance du Territoire de la Région Sud

  • Cette Ă©tude GRAPHITE permet de mieux connaĂ®tre la diversitĂ© des pratiques, des connaissances et des reprĂ©sentations territoriales des jeunes scolarisĂ©s dans les contextes urbains variĂ©s de la RĂ©gion Sud. L’Ă©tude s’appuie sur 4 annĂ©es d’enquĂŞtes quantitatives et qualitatives auprès de 1667 lycĂ©ens des mĂ©tropoles de Marseille, Toulon, Nice et des villes de Gap, Digne, Avignon. L’approche de gĂ©ographie sociale s’appuie sur un traitement quantitatif et cartographique de donnĂ©es d’enquĂŞte directe par webmapping, croisĂ©es Ă  des donnĂ©es sociales de contexte.  L’analyse repose sur un corpus de 18650 lieux urbains de la rĂ©gion, cartographiĂ©s et dĂ©crits par les jeunes.
    Carte extraite du rapport final de l’Ă©tude GRAPHITE. ©E.Dorier, J.Dario, AMU-LPED, 2020

    Cadre théorique et méthodologique
    :
  • L’approche participative a Ă©tĂ© choisie pour donner une voix Ă  des jeunes mineurs, souvent considĂ©rĂ©s comme « illĂ©gitimes », voire indĂ©sirables dans l’espace public (Danic, 2004 ; Fleury, Froment-Meurice, 2014 ; Malone, 2002) et ceci plus encore dans les pĂ©riodes de confinement et restrictions des mobilitĂ©s au cours desquelles nous avons traitĂ© les donnĂ©es et rĂ©digĂ© ce rapport, oĂą des tensions gĂ©nĂ©rationnelles se sont exprimĂ©es.
  • Un parti pris  a Ă©tĂ© constant au fil de cette recherche : celui de considĂ©rer des jeunes habitants, et ici, en l’occurrence, ces lycĂ©ens, en tant que citadins, experts d’usage de leurs territoires de proximitĂ©, capables d’Ă©noncer eux-mĂŞmes leurs besoins, sources d’informations et d’idĂ©es sur la ville et la sociĂ©tĂ©. Et de rendre audible leur expertise urbaine (principalement dans le tome 2).
  • Les notions plus qualitatives d’espace de vie (celui des pratiques concrètes) et de rĂ©flexivitĂ© sur l’espace vĂ©cu (Ă©largi aux reprĂ©sentations, aux Ă©valuations), thĂ©orisĂ©es depuis longtemps en gĂ©ographie et en sociologie  sont centrales pour l’approche rĂ©solument « bottom-up »  de cette exploration urbaine (Lefebvre, 1974 ; FrĂ©mont, 1974,  Hannerz, 1983, HĂ©rin et al. 1984, Dorier-Apprill et Gervais-Lambony et al., 2006).
  • Les difficultĂ©s de prise en compte des besoins des jeunes de quartiers populaires en termes d’habitat, d’accès aux Ă©tudes,  au sport, Ă  la citoyennetĂ© nous ont particulièrement interrogĂ©, en particulier autour des Ă©meutes urbaines de l’Ă©tĂ© 2023
  • 3 ans après la remise du rapport rĂ©gional, les analyses ont donc Ă©tĂ© approfondies dans le centre ville et les quartiers nord de Marseille, plus spĂ©cifiquement dans le bassin de recrutement de de 3 Ă©tablissements rattachĂ©s aux dispositif des « CitĂ©s Ă©ducatives »: lycĂ©e Victor Hugo, lycĂ©e Denis Diderot, collège Renoir. les analyses sont en cours.

    Questionnements :
  • OĂą et comment vivent les jeunes de 14 Ă  17 ans, classe d’age Ă  laquelle on donne peu la parole ? Comment pratiquent-ils et apprĂ©hendent-ils leurs propres territoires de proximitĂ© ? Que nous apprennent-ils eux-mĂŞmes de ces espaces en qualitĂ© d’habitants ? Quelles sont leurs habitudes, leurs besoins ? Comment voient-ils le reste du territoire, urbain et pĂ©ri-urbain ? Dans une rĂ©gion qui vieillit quelles sont leurs habitudes, leurs Ă©valuations et leurs propositions pour le territoire ?
  • Cette exploration est indissociable des problĂ©matiques d’inĂ©galitĂ©s entre les espaces urbains de la rĂ©gion. Les expĂ©riences et pratiques personnelles que chaque lycĂ©en a des espaces urbains ont Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă  des donnĂ©es objectives de contextes socio-territoriaux, afin d’analyser les mĂ©canismes d’intĂ©riorisation et  reproduction des inĂ©galitĂ©s et le rĂ´le des politiques locales permettant de les compenser. La frĂ©quentation du lycĂ©e – gĂ©nĂ©ral ou professionnel, tous deux reprĂ©sentĂ©s dans cette Ă©tude a-t-elle vraiment, comme l’avancent certains (Galland, 2017), effacĂ© les bornes sociales entre jeunes, au profit de pratiques et reprĂ©sentations communes, plus horizontales ?

    Résultats et enjeux :
  •  Lors du traitement des rĂ©sultats d’enquĂŞte, de la cartographie et de la rĂ©daction de ce rapport, les pĂ©riodes de confinement de 2020 sont venues souligner et accentuer, pour les lycĂ©ens, l’enjeu des très fortes diffĂ©rences de conditions de vie et de pratiques territoriales. Celles que nous avons mises en exergue sont liĂ©es au logement et au manque d’Ă©quipements collectifs : inĂ©gal accès Ă  la mobilitĂ©, Ă  l’intimitĂ© et au calme pour Ă©tudier Ă  domicile inĂ©gal accès aux espaces de pratiques sportives et culturelles (tome 1).
  • Dans ce domaine, l’apport des jeunes participants du projet GRAPHITE sur la diversitĂ© des contextes urbains rĂ©gionaux est riche d’enseignements dont Ă©lus et techniciens du territoire pourraient se saisir : signalement des lieux, problĂ©matiques de vie quotidienne dans les quartiers urbains, les jeunes ont produit des diagnostics de territoires et de besoins sociaux qui mĂ©ritent d’ĂŞtre lus et entendus.

Universitaires ayant participĂ© aux enquĂŞtes entre 2015 et 2019/  RĂ©sumĂ© du rapport (23 p) et l’atlas (46 p.)

E.D